By Dr. Marc-André Lavigne, Professeur, World Leisure Center of Excellence (WLCE) at the Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Canada
Rendre les opportunités de loisir accessibles est depuis longtemps l’une des visées de l’intervention publique dans le secteur du loisir et du sport. Après tout, le loisir est (et doit rester) un droit et ses effets sont largement démontrés. Largement documentées, ces contraintes peuvent être entre autres physiques, financières, culturelles ou temporelles.
Si de nombreuses politiques ont été mises en place pour assurer une meilleure inclusion des personnes vivant avec un handicap physique (aménagement des espaces récréatifs, intégration sociale des personnes à mobilité réduite, équipement adapté…), force est de constater qu’il est plus difficile d’élaborer des programmes efficaces visant un meilleur accès aux personnes plus démunies. Certaines organisations réduisent leurs coûts d’inscription ou favorisent l’accès aux infrastructures récréatives, culturelles ou sportives, mais les usagers peinent parfois à trouver l’équipement nécessaire pour pratiquer leurs activités.
Le Gouvernement du Québec (une province de 8,4 millions d’habitants, au Canada) vient d’investir 40,7 millions de dollars (31,2 M$US; 30,0 M€) sur les cinq prochaines années pour créer un réseau de centrales de prêt d’équipements. Le but est de rendre accessible, dans chaque région, une gamme complète d’équipements de loisir et de sport. L’initiative s’inscrit dans les orientations gouvernementales de réduire les comportements sédentaires et d’initier les citoyens à de nouvelles activités sportives, de plein air, récréatives et culturelles.
Le projet repose essentiellement sur trois volets. Le premier est l’achat d’équipements qui sera ensuite prêté gratuitement à tout citoyen qui en fait la demande. Ces achats seront faits, si possible, par le biais de fournisseurs locaux et permettront également de rendre accessibles des équipements spécialisés adaptés pour les aînés et les personnes à mobilité réduite.
Le deuxième volet est la création d’un réseau de centrales de prêt, dont la mission sera d’optimiser l’usage et d’offrir un service de proximité. Les citoyens, les écoles et les associations locales dans chaque région auront ainsi accès à cette banque d’équipements.
Le troisième volet est la mise en place d’une base de données pour coordonner les régions entre elles. L’offre aux citoyens est ainsi décentralisée, mais la coordination du programme peut également être assurée à l’échelle de la province. Un citoyen pourra également réserver de l’équipement dans une autre région, en prévision d’un voyage, par exemple.
Concrètement, par le biais de ce programme, une famille pourra emprunter une paire de patins pour initier leur enfant à cette activité, un couple pourra louer pour une fin de semaine de l’équipement spécialisé de plein air, une personne pourra emprunter du matériel pour un cours artistique suivi dans son centre communautaire, et une personne à mobilité réduite pourrait avoir accès à des équipements sportifs spécialisés.
Ce programme est fortement inspiré d’une initiative locale de la ville de Québec, Accès-Loisirs, qui depuis une vingtaine d’années offre gratuitement des places dans les programmes de loisir, en collaboration avec les organismes du milieu. L’organisme recueille également de l’équipement neuf et usagé pour le redonner gratuitement aux personnes à faible revenu. Ce projet, qui a gagné en popularité, permet de revoir les politiques et les stratégies d’accessibilité financière au loisir non seulement sous l’angle du coût de l’inscription à une activité, mais également sur les autres barrières économiques qui nuisent à la pratique.
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